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Type de textesource
TitreDe institutione oratoria
AuteursQuintilien (Marcus Fabius Quintilianus)
Date de rédaction(95)
Date de publication originale
Titre traduitL’Institution oratoire
Auteurs de la traductionCousin, Jean
Date de traduction1975:1980
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

(livre II, 13, 12 (Reinach 467)), p. 72

Habet in pictura speciem tota facies : Apelles tamen imaginem Antigoni latere tantum altero ostendit, ut amissi oculi deformitas lateret. Quid ? Non in oratione operanda sunt quaedam, siue ostendi non debent, siue exprimi pro dignitate non possunt. [[4:suite:Timanthe]]

Dans :Apelle, le portrait d’Antigone(Lien)

(X, II, 7-8), p. 108

 7. Turpe etiam illud est, contentum esse id consequi quod imiteris. Nam rursus quid erat futurum, si nemo plus effecisset eo quem sequebatur ? Nihil in poetis supra Liuium Andronicum, nihil in historiis supra pontificum annales haberemus ; ratibus adhuc nauigaremus, non esset pictura nisi quae lineas modo extremas umbrae quam corpora in sole fecissent circumscriberet. 8. Ac si omnia percenseas, nulla mansit ars qualis inuenta est, nec intra initium stetit ; nisi forte nostra potissimum tempora damnamus huius infelicitatis, ut nunc demum nihil crescat : nihil autem crescit sola imitatione.

Dans :Les origines de la peinture(Lien)

C’est encore une honte de n’aspirer qu’à égaler ce que l’on imite : car, je le répète où en serait-on, si chacun n’eût fait que suivre son guide ? Nous n’aurions rien en poésie au-dessus de Livius Andronicus ; rien en histoire au-dessus des Annales des pontifes; on naviguerait encore sur des radeaux, et la peinture se réduirait à tracer les contours de l’ombre des corps. Passez en revue tous les arts, vous n’en trouverez pas un qui soit demeuré tel qu’il a été inventé, et qui n’ait fait aucun progrès.

, "De genere dicendi" (numéro XII, 10, 4-5) , p. 115

 4. Post Zeuxis atque Parrhasius non multum aetate distantes, circa Peloponnesia ambo tempora (nam cum Parrhasio sermo Socratis apud Xenophontem inuenitur) plurimum arti addiderunt. Quorum prior luminum umbrarumque inuenisse rationem, secundus examinasse subtilius lineas traditur. 5. Nam Zeuxis plus membris corporis dedit, id amplius atque augustius ratus, atque, ut existimant, Homerum secutus, cui ualidissima quaeque forma etiam in feminis placet. Ille uero ita circumscripsit omnia, ut eum legum latorem uocent, quia deorum atque heroum effigies, quales ab eo sunt traditae, ceteri tamquam ita necesse sit secuntur.

Dans :Parrhasios et les contours(Lien)

Ensuite, Zeuxis et Parrhasius, qui furent à peu près contemporains aux environs de la guerre du Péloponnèse (on trouve en effet chez Xénophon un entretien de Socrate avec Parrhasius), contribuèrent beaucoup aux progrès de l’art. Le premier, dit-on, inventa la distibution des lumières et des ombres, le second s’attacha particulièrement au dessin. En effet Zeuxis peignait ses figures plus grandes que nature, pour leur imprimer un caractère plus noble et plus auguste, et aussi, croit-on, pour suivre Homère, qui, même chez les femmes, préfère les formes les plus robustes. Parrhasius, au contraire, était toujours si exact dans son dessin qu’on l’appelle le législateur, parce que ses représentations des dieux et des héros sont universellement imitées, comme s’il était impossible de faire autrement.

(II, 3, 6)

Postremo, quia nemo sic in maioribus eminet ut eum minora deficiant. Nisi forte Iouem quidem Phidias optime fecit, illa autem quae in ornamentum operis eius accedunt, alius melius elaborasset, aut orator loqui nesciet, aut leuiores morbos curare non poterit praestantissimus medicus.

Dans :Phidias, Zeus et Athéna(Lien)

(II, 3, 6)

 Personne n’excelle dans les grandes choses, s’il est déficient dans les petites : à moins qu’on dise que Phidias a parfaitement réussi son Jupiter, mais qu’un autre aurait mieux achevé la décoration accessoire de ce chef-d’œuvre, ou encore qu’un orateur ne saura pas parler ou qu’un médecin éminent sera incapable de guérir les indispositions légères.

, "De genre dicendi" (numéro XII, X, 7-9) , p. 116

[[8: voir aussi Portraits ressemblants et plus beaux]] Diligentia ac decor in Polyclito supra ceteros, cui quamquam a plerisque tribuitur palma, tamen, ne nihil detrahatur, deesse pondus putant. 8. Nam ut humanae formae decorem addiderit supra uerum, ita non expleuisse deorum auctoritatem uidetur. Quin aetatem quoque grauiorem dicitur refugisse, nihil ausus ultra leuis genas. 9. Phidias tamen dis quam hominibus efficiendis melior artifex creditur ; in ebore uero longe citra aemulum uel si nihil nisi Mineruam Athenis aut Olympium in Elide Iouem fecisset, cuius pulchritudo adiecisse aliquid etiam receptae religioni uidetur, adeo maiestas operis deum aequauit. Ad ueritatem Lysippum ac Praxitelen accessisse optime adfirmant : nam Demetrius tamquam nimius in ea reprehenditur, et fuit similitudinis quam pulchritudinis amantior.

Dans :Phidias, Zeus et Athéna(Lien)

Polyclète surpasse tous les statuaires par l’exactitude et la grâce, au jugement de la plupart des connaisseurs, qui, tout n lui décernant la palme, estiment que, s’il n’y a rien à retrancher en lui, il y aurait néanmoins à ajouter, et que la plénitude de la force lui manque. En effet, s’il a embelli la forme humaine jusqu’à l’idéal, il est resté au-dessous de la majesté divine ; on dit même que la gravité de l’âge mûr effrayait son talent, qui n’osa guère exprimer que la tendre jeunesse. Mais ce qui manqua à Polyclète, Phidias et Alcamène l’eurent en partage. Toutefois, Phidias passe pour avoir été plus habile à représenter les dieux que les hommes. II est inimitable dans l’art de travailler l’ivoire, quand il n’aurait fait que sa Minerve à Athènes, et son Jupiter Olympien en Élide, dont la beauté semble avoir ajouté à la religion des peuples : tant la majesté de l’œuvre égalait l’idée du dieu ! On assure que Lysippe et Praxitèle ont le mieux reproduit la réalité ; car on reproche à Démétrius d’avoir porté en cela l’exactitude jusqu’à l’excès, et d’avoir plus recherché la ressemblance que la beauté.

(II, 13, 12), p. 72

[[4: suit Apelle Antigone]] 12. Quid ? Non in oratione operanda sunt quaedam, siue ostendi non debent, siue exprimi pro dignitate non possunt. 13. Vt fecit Timanthes, opinor, Cythnius in ea tabula, qua Coloten Teium uicit. Nam cum in Iphigeniæ immolatione pinxisset tristem Calchantem, tristiorem Vlixen, addixisset Menelao quem summum poterat ars efficere mærorem ; consumptis affectibus, non reperiens quo digno modo patris uultum posset exprimere, uelauit eius caput et suo quique animo dedit aestimandum. 14. Nonne simile est illud Sallustianum : « Nam de Carthagine tacere satius puto quam parum dicere » ?

Dans :Timanthe, Le Sacrifice d’Iphigénie et Le Cyclope (Lien)

Dans la peinture, tout le visage paraît : cependant Apelle a peint Antigone de profil, pour cacher la difformité de l’œil qu’il avait perdu. Ne faut-il pas, de même, dissimuler bien des choses dans un discours, soit parce qu’elles ne doivent pas être montrées, soit parce qu’on ne pourrait les exprimer dignement ? C’est ce que fit Timanthe, qui était, je crois, de Cythnie, dans le tableau qui lui mérita le prix sur Colos de Téos. Ayant à représenter le sacrifice d’Iphigénie, il avait peint Calchas triste, Ulysse plus triste encore ; il avait épuisé dans Ménélas tout ce que l’art peut donner à la douleur ; et comme il ne savait comment exprimer l’affliction du père, il lui voila la tête, laissant au spectateur à juger avec son coeur de ce qui se passait sur le visage d\'Agamemnon. Ne trouve-t-on pas quelque chose de semblable dans ce trait de Salluste : Je crois qu’il vaut mieux ne point parler de Carthage, que d’en parler en peu de mots.

, p. 72

En peinture, ce qui est attrayant, c’est le visage dans son entier ; cependant, si Apelle a représenté Antigone seulement de profil, c’était pour cacher la laideur de son œil crevé. Et dans le discours ? N’y a-t-il pas là aussi à dissimuler certains détails, soit qu’ils ne doivent pas apparaître, soit qu’ils ne puissent être indiqués comme il conviendrait ?

, "Du style" (numéro XII, 10, 4-5) , p. 115

Plus tard, Zeuxis et Parrhasius qui n’étaient guère distants <entre eux> par la date, ayant vécu tous les deux aux environs de la guerre du Péloponnèse (car on trouve un entretien de Socrate avec Parrhasius dans Xénophon) contribuèrent beaucoup aux progrès de l’art. Le premier, dit-on, inventa une méthode pour représenter les lumières et les ombres, le second a pesé plus spécialement la question du dessin. 5. En effet, Zeuxis a donné à ses personnages une taille plus grande que nature pour qu’ils aient, pensait-il, plus de dignité ou de noblesse, et aussi, croit-on, pour suivre Homère, qui, même chez les femmes, préfère les formes les plus fortes. Parrhasius, au contraire, était un dessinateur au trait, si précis en tout, qu’on l’appelle le législateur, parce que ses représentations des dieux et des héros, telles qu’elles ont été réalisées par lui, sont imitées par tous, comme s’il était indispensable qu’il en soit ainsi.

(II, 13, 12), p. 72

 12. Et dans le discours ? N’y a-t-il pas là aussi à dissimuler certains détails, soit qu’ils ne doivent pas apparaître, soit qu’ils ne puissent être indiqués comme il conviendrait ? 13. C’est ce que fit Timanthe, qui était, je crois, originaire de Cythnos, dans le tableau qui lui fit remporter le prix sur Colotès de Téos. Ayant à représenter le sacrifice d’Iphigénie, il avait peint Calchas triste, Ulysse encore plus triste, et donné à Ménélas le maximum d’affliction que pouvait rendre l’art ; ayant épuisé tous les signes d’émotion, ne sachant pas comment rendre convenablement l’expression du père, il lui voila la tête et laissa à chacun le soin de l’imaginer à son gré. 14. Salluste n’a-t-il pas agi de même, quand il a écrit : « Sur Carthage, il vaut mieux, je pense, être réticent que trop peu loquace. »

, "De genere dicendi", 7-9 (numéro XII, 10) , p. 116

Diligentia ac decor in Polyclito supra ceteros, cui quamquam a plerisque tribuitur palma, tamen, ne nihil detrahatur, deesse pondus putant. 8. Nam ut humanae formae decorem addiderit supra uerum, ita non expleuisse deorum auctoritatem uidetur. Quin aetatem quoque grauiorem dicitur refugisse, nihil ausus ultra leuis genas.

At quae Polyclito defuerunt, Phidiae atque Alcameni dantur. 9. Phidias tamen dis quam hominibus efficiendis melior artifex creditur ; in ebore uero longe citra aemulum uel si nihil nisi Mineruam Athenis aut Olympium in Elide Iovem fecisset, cuius pulchritudo adiecisse aliquid etiam receptae religioni uidetur, adeo maiestas operis deum aequauit. Ad ueritatem Lysippum ac Praxitelen accessisse optime adfirmant : nam Demetrius tamquam nimius in ea reprehenditur, et fuit similitudinis quam pulchritudinis amantior.

Dans :Le portrait ressemblant et plus beau(Lien)

, "De genere dicendi" (numéro XII, 10) , p. 116

Par le soin et la grâce, Polyclète surpasse les autres; c’est à lui qu’on donne généralement la palme ; cependant, sans rien ôter à son mérite, on pense qu’il a manqué de poids. 8. En effet, s’il a embelli la forme humaine au-delà de la vérité, il semble n’avoir pas représenté pleinement l’autorité des dieux. Bien plus : on dit même qu’il a reculé aussi devant la représentation de l’âge mûr et n’a osé sculpter que des joues lisses.

Mais ce qui a manqué à Polyclète, on l’attribue à Phidias et Alcamène. 9. Phidias est considéré cependant comme un artiste mieux doué pour représenter les dieux que les hommes : pour le travail de l’ivoire, il est de loin hors de pair, même s’il n’avait rien fait d’autre que sa Minerve à Athènes ou son Jupiter Olympien en Élide, dont la beauté semble même avoir ajouté au sentiment de la religion établie, tant la majesté de l’œuvre s’égalait à celle du dieu. Ce sont Lysippe et Praxitèle, à ce que l’on dit fort bien, qui ont approché de la vérité, car Démétrius est critiqué pour être allé trop loin et s’être plus attaché à la ressemblance qu’à la beauté.